lundi, juillet 29

Chronique geek.

Écouter Exile, le deuxième album de Hurts, tellement inférieur au précédent qu'on en vient à douter qu'ils soient l'œuvre du même groupe, et se rappeler irrésistiblement ce passage de Lovecraft, tiré de Les Montagnes Hallucinées.


En reprenant notre marche, nous jetâmes un rayon de la torche sur les murs du tunnel, et nous nous arrêtâmes brusquement, stupéfaits du changement radical survenu dans les sculptures de cette partie du passage. Nous étions conscients, bien sûr, de la nette dégradation de la sculpture des Anciens à l’époque du creusement des tunnels et nous avions noté aussi le travail inférieur des arabesques dans les parties précédentes. Mais à présent, dans cette zone plus profonde au-delà de la caverne, une soudaine différence décourageait toute explication – une différence fondamentale, de nature aussi bien que de simple qualité, et supposant une régression si profonde et si désastreuse du savoir-faire que rien, dans les signes de déclin observés précédemment, ne pouvait le faire prévoir.

Ce nouvel art dégénéré était grossier, prétentieux et manquait totalement de finesse dans les détails. Il était creusé à une profondeur excessive, en bandes selon la même ligne générale que les cartouches répartis dans les anciennes séries, mais la hauteur des reliefs n’atteignait pas le niveau de la surface. Danforth pensait qu’il s’agissait d’une seconde gravure – une sorte de palimpseste obtenu par oblitération du dessin primitif. C’était essentiellement décoratif et conventionnel et consistait en spirales et en angles qui suivaient grossièrement la tradition mathématique du quintile des Anciens, bien qu’il s’agisse plus d’une parodie que d’un prolongement de cette tradition. Nous ne pouvions nous ôter de l’esprit que quelque facteur foncièrement étranger s’était ajouté au sentiment esthétique, derrière la technique – élément étranger, selon Danforth, qui était responsable de cette substitution manifestement laborieuse. C’était semblable et pourtant bizarrement différent de ce que nous avions appris à reconnaître pour l’art des Anciens ; et me revenaient sans cesse à la mémoire ces œuvres hybrides comme les sculptures maladroites de Palmyre à la manière romaine. 

Peut-être Theo et Adam sont-ils morts et leurs corps colonisés par des lézards et des poulpes colossaux issus d'un monde d'avant le monde, se trémoussant au son de la flûte ténébreuse de Nyarlathotep, le Chaos Rampant. Je lance l'hypothèse.

Premier album :




Second album :